Le développement cognitif des bébés, les fondamentaux

Le développement cognitif de l’enfant correspond à l’évolution et à l’acquisition de grandes fonctions telles que la mémoire, la réflexion, l’esprit créatif, la numération, le langage. Il est aussi étroitement lié à la notion d’intelligence.
Parmi les experts qui ont marqué la communauté scientifique, on trouvera Jean Piaget, qui a défini 4 ‘structures cognitives primaires’ (aussi appelées ‘stades de développement’). Selon Piaget, durant chacun de ces stades les enfants développeront des compétences distinctes qui seront largement influencées par les interactions sociales et l’environnement dans lequel il évolue.
D’autres psychologues renommés tels que Lev Vygotsky, remettent en cause la ‘simplicité’ du model de Piaget et pensent que le développement de l’être humain est trop complexe pour être catégorisé par des stades fixes. Cependant, il s’accorde avec Piaget sur l’importance et l’impact des interactions sociales et de l’environnement sur le développement cognitif de l’enfant.

Au fil des mois et années, le développement de l’enfant sera jonché de périodes critiques représentant des fenêtres d’opportunité pendant lesquelles il sera plus sensible à certains types de stimuli. Ces périodes lui permettront d’acquérir de nouvelles capacités plus rapidement et en accord avec le développement de son cerveau.

Les 4 stades de développement de Piaget

Jean Piaget, psychologue suisse du XX ème siècle, a dédié sa vie à l’étude du développement des enfants et a développé un modèle suggérant que le développement cognitif respecte 4 étapes distinctes. Même si ce modèle est parfois critiqué par les psychologues modernes, beaucoup de ces notions sont toujours d’actualité et représentent des fondations solides, sur lesquelles des modèles plus élaborés se sont construits :

De la naissance à 2 ans - le stade sensorimoteur: durant cette période, le contact que l’enfant a avec son environnement dépend presque exclusivement de ses capacités motrices et sensorielles. Il analyse chaque objet avec beaucoup d’attention afin de mieux les comprendre. Entre 8 et 12 mois, il commencera à comprendre la ‘notion de permanence’ d’un objet (c’est-à-dire qu’il continue d’exister même quand il ne le voit plus).
De 2 à 6 ou 7 ans – le stade pré-opératoire: des capacités telles que le langage et la pensée symbolique (se représenter des choses à l’aide de mots ou de symboles) se développeront. Il commencera à comprendre les quantités et la notion d’espace-temps (passé et futur).
de 6-7 à 11-12 ans – le stade des opérations concrètes: Il commence à comprendre que des événements puissent se dérouler en dehors de sa vie et de ce qu’il perçoit. Il développe de plus en plus des raisonnements logiques mais ils doivent toujours être orientés vers le concret. C’est-à-dire qu’il pourra résoudre des problèmes ou construire des raisonnements simples, s’ils font référence à des éléments qu’il puisse observer.
A partir de 11 ou 12 ans – le stade des opérations formelles : les enfants et adolescents commenceront à être capable d’avoir des raisonnements abstraits et à penser de façon systématique. Vers 15 ans, ils devraient être tout à fait capable de raisonner comme des adultes et d’utiliser des formules logiques et abstraites ainsi qu’à réfléchir sur des questions morales telles que la justice.

Lev Vygotsky et la remise en cause des stades de Piaget

Pour Vygotsky et de nombreux autres psychologues, les stades de Piaget devraient être plus flexibles. Ils pensent que le développement cognitif est plus souple et que les interactions sociales et environnementales jouent un rôle encore plus important que ce que proposait Piaget. Par exemple, Piaget suggère que c’est la motivation de l’enfant qui le pousse à explorer et à découvrir le monde qui l’entoure ; alors que Vygotsky suggère un autre angle : l’enfant apprendrait par le biais de ‘l’enseignement’ et des expériences fournis par ses parents, proches et son environnement (comme une sorte d’élève et non un scientifique qui expérimente). Pour le prouver, il s’appuie sur l’impact du milieu familial et de la culture où grandissent les enfants, en démontrant qu’ils ont un lien plus direct sur leurs capacités cognitives.

Une notion clé des adeptes de Vygotsky est celle de la zone de développement proximale. C’est une sorte de zone abstraite de connaissances et de capacités qui fait le lien entre celles déjà acquises par l’enfant avec celles de ses ‘enseignants’ qui sont encore majoritairement inconnues de l’enfant. Vygotsky suggère que dans de bonnes conditions, l’enfant va intérioriser ces connaissances et aptitudes inconnues petit à petit en commençant par les éléments qui sont tout juste aux limites de ses habilités courantes (aussi appelée sa zone de développement proximale). En d’autres termes, l’enfant ne va assimiler qu’une partie de ce que l’adulte va lui enseigner, en commençant par ce qu’il peut comprendre uniquement.
Ce concept diverge de la théorie de Piaget puisqu’il suggère que l’enfant va d’abord assimiler ce qui est fourni par son entourage avant tout.

Comment influencer le développement cognitif de son enfant?

Il est important de rappeler que chaque enfant se développe selon ses capacités et ses rythmes. Il est essentiel de les respecter et de ne pas le brusquer. D’ailleurs, ayez toujours à l’esprit que si votre enfant commence à marcher, parler, etc. un peu plus tard que la moyenne, cela ne sera pas forcément un indicateur de retard de développement.

Les principaux paramètres qui influencent le développement cognitif sont en général très similaires d’un modèle à un autre, même si leur importance pourra cependant varier.
Parmi ces paramètres, on trouvera des facteurs internes (qui sont en général innés) et des facteurs externes (que l’entourage pourra directement influencé). En plus de ceux mentionnés dans notre fiche Introduction : Comment favoriser le développement de votre enfant, myBaby.coach a listé les principaux paramètres spécifiques au développement cognitif ci-dessous :

Catégorie	Description
Les fondamentaux	Ces fondamentaux sont un rappel de la fiche ‘Comment favoriser le développement de votre enfant’ Régime alimentaire adapté Hygiène et conditions de vie saines dans un environnement sécurisé et sécurisant Stimulations et activités adaptées Affections, tendresse et écoute Respect de ses rythmes et de ses besoins Suivi médical et vaccinations
Affectivité et émotions	Des chercheurs comme Stanley Greenspan suggèrent que l’intelligence est structurée par l’expérience affective Ils ne dissocient pas l’émotion de la raison et insiste sur l’importance des expériences émotives précoces sur les facultés sociales et intellectuelles Selon lui : les interactions entre les parents et enfants doivent commencer dès la naissance. Les parents doivent offrir un cadre sécuritaire et émotionnel suffisant permettant à l’enfant d’oser essayer et à apprendre sereinement, tout en étant motivé Le principe général de Greenspan est de passer un maximum de temps avec l’enfant ‘par terre’ à côté de lui pour l’accompagner dans ses jeux et activités (que l’enfant lui-même aura choisi) L’idée est d’accompagner les activités initiées par l’enfant, avec une attitude bienveillante et aidante. L’adulte doit s’adapter aux gestes de l’enfant et progressivement lui montrer des éléments nouveaux afin de lui enseigner de nouvelles choses par le jeu et l’amour. L’enfant sera alors encouragé à aller plus loin et il acquerra plus de capacités que s’il avait joué seul Par exemple : laisser votre enfant assis au milieu de 2 ou 3 jouets adaptés. Quand il en aura choisi un, installez-vous à côté et encouragez le à continuer. Après quelques instants, essayer de participer à son jeu et de lui montrer une nouvelle manière d’utiliser son jouet. S’il joue avec des cubes, montrez lui comment les mettre les uns sur les autres et essayer de l’impliquer. S’il choisit un livre, racontez-lui une histoire et expliquez lui les images ; veillez à être très explicite sur ce que vous montrez avec votre doigt. S’il est réceptif vous pourrez même lui demander de vous montrer et de ranger les éléments que vous citez.
Sentiment d’identité personnelle	Freud suggère qu’il ne se développera que vers 5 ans et Piaget lors du stade des opérations formelles D’autres psychologues tels que Erik Erikson pense qu’il se développe toute au long de la vie et qu’il est conditionné par le type d’interaction dominant avec l’environnement social Quelle que soit la théorie, montrez l’exemple à votre enfant, suggérez lui la conduite à tenir et laissez le faire ses choix (dans un environnement contrôlé) afin de l’aider à développer son identité personnelle et sa capacité à choisir Veillez à toujours l’encourager (sauf s’il effectue des actions indésirables) et à célébrer même les petits succès pour booster son estime personnelle
Les périodes critiques	Elles correspondent à des périodes durant lesquelles l’enfant est plus sensible à certains stimuli externes. Pendant ces périodes, des stimuli spécifiques auront un impact très important sur leur développement. En dehors de ces périodes, ces mêmes stimuli auront un impact bien moins prononcé, voir inexistant (cf. Hubel & Wiesel). Elles sont en quelque sorte des fenêtres d’opportunité pour l’acquisition de nouvelles compétences Le stade embryonnaire est la 1ère période critique. En effet, si le fœtus est exposé à des produits toxiques ou à d’autres traumatismes, il pourra avoir des dommages et des retards de développement irréversibles. Les 3 premières années de vie sont une période critique pour le développement socio-affectif. Si l’enfant est exposé à des expériences négatives répétées ou s’il a des carences affectives : cela pourrait avoir un impact sur son équilibre affectif, ainsi que sur son développement cognitif global, augmentant les risques de dépression en tant qu’adulte, d’anxiété, hyperactivité, etc. De la naissance à 2 ans : le développement de la vision. Une bonne vision binoculaire en 3 dimensions dépend des stimulations visuelles précoces pendant cette période. D’ailleurs, un enfant ayant un strabisme léger et qui est traité avant ces 2 ans aura de fortes chances de récupérer sa vision dite ‘stéréoscopique’ (3 dimensions) … ce qui sera bien plus compliqué pour les enfants traités après leur deuxième année. De 2 ans à la puberté : l’acquisition de la langue maternelle. Beaucoup de théories existent autour de l’apprentissage du langage. Lenneberg suggère que c’est durant cette période que la langue maternelle est la mieux acquis. En d’autres termes, si un enfant est privé d’interaction langagière de 2 à 11 ans (surdité non traitée ou enfants sauvages), il n’arrivera peut-être jamais à parler convenablement … .
Les périodes sensibles	Cette notion de ‘périodes sensibles’ suit le même principe que celle des ‘périodes critiques’, elle suggère cependant une flexibilité plus importante si les stimuli sont fournis en dehors de ces fenêtres d’opportunité. Montessori en a déterminé 6 (qui sont légèrement différentes par rapport aux périodes mentionnées précédemment): Période sensible du langage : de 2 mois à 6 ans Période sensible de la coordination des mouvements : de 18 mois à 4 ans L’ordre : naissance à 6 ans Raffinement des sens : de 18 mois à 5 ans Comportement social : de 2 mois à 6 ans Petits objets : au cours de la 2ème année Concrètement, Montessori suggère que l’enfant va instinctivement rechercher les bons stimuli durant ces périodes sensibles. Le rôle des parents sera alors de lui fournir ce dont il a besoin pour lui permettre d’être stimulé de manière appropriée, et surtout de ne pas le contrarier et de lui laisser la liberté et la possibilité de d’apprendre par lui-même, en l’accompagnant
Un bon ‘enseignant’ ou ‘médiateur’	Brüner a défini 6 critères qui impactent l’efficacité de l’adulte qui accompagne l’enfant dans ses activités de développement : L’enrôlement : la capacité de l’adulte à motiver et à susciter l’intérêt de l’enfant pour effectuer une tâche. Savoir créer le désir en prenant en compte les centres d’intérêt de l’enfant. La réduction des degrés de liberté : savoir adapter la situation d’apprentissage pour qu’elle expose l’enfant à sa Zone Proximale de Développement (théorie de Vygotsky) Le maintien de l’orientation sur une tâche : s’assurer que l’enfant reste intéressé et comprenne l’activité réalisée avec ‘l’enseignant’. L’idée est qu’il reste un minimum captivé et concentré, par exemple en variant les procédures et gestes. La signalisation des caractéristiques déterminantes : aider l’enfant à prendre les informations dont il a besoin pour pouvoir réaliser l’activité de manière indépendante Contrôle de la frustration : capacité à alléger la frustration de l’enfant s’il éprouve des difficultés. L’objective final est que l’enfant puisse se passer de l’enseignant pour réaliser l’activité La démonstration : la manière de montrer à l’enfant comment réaliser la nouvelle activité avant même qu’il ne l’ait conceptualisée

Pour conclure :

Les premières années de vie sont extrêmement importantes pour le développement de votre enfant
Le développement cognitif est lié à aux autres types de développement (moteur, affectif, sensoriel, communication)
Sachez écouter votre enfant et respecter ses rythmes
Chercher à accompagner son développement plutôt qu’à le sur-stimuler ou à le forcer à tout prix à faire des activités que vous aurez choisies
Fournissez lui un environnement sécurisé et sécurisant, propice à l’apprentissage, aux échanges d’affection et éviter les sources de stress
Fournissez lui un espace dédié avec des jouets en nombre raisonnable et adaptés à son stade de développement pour qu’il puisse choisir son activité (prenez soin de sélectionner les jouets proposés et de guider son choix). Quand il aura initié une activité, accompagnez-le en lui montrant de nouvelles possibilités et encouragez le à interagir avec vous, à oser des choses nouvelles et surtout veillez à ne pas le mettre en échec
L'échange d'affection, la bienveillance de son environnement et sa sécurité sont plus importants que les résultats des activités en eux-mêmes.

Pour en savoir plus sur l’évolution et favoriser le développement cognitif de votre enfant, myBaby.coach vous propose:

D’acquérir les connaissances essentielles grâce à nos fiches conseils d'éveil et de développement - cognitif
D’utiliser notre module interactif dédié aux ‘étapes de développement’ pour vous repérer et savoir quand consulter un médecin en fonction de l’âge de votre enfant
De stimuler positivement et progressivement votre enfant grâce à nos activités d'éveil et de développement

A retenir

Il est essentiel de toujours respecter les rythmes de son enfant, d’être à son écoute et d’éviter de le sur-stimuler, mais aussi de le sous-stimuler
Ne pas être attentif à ses émotions et ne pas l’aider à les comprendre (causes, effets) ainsi qu’à les réguler, pourrait avoir des conséquences négatives sur son équilibre affectif
Chaque enfant se développe à son rythme
Ne pas respecter les rendez-vous médicaux obligatoires ou ne pas consulter en cas de doute ou de nécessité pourrait avoir des conséquences sur son développement
Veillez à toujours fournir à votre enfant un cadre sécurisé, sécurisant, aimant et propice à son développement

Quand consulter ?

Veuillez consulter votre médecin ou un professionnel de santé, si:

Votre enfant n’a pas atteint les étapes développements critiques indiquées dans nos fiches ‘étapes de développement’ (en fonction de son âge)
Il a fréquemment des ‘comportements dérangeants’ (comme des pleurs, des crises fortes de colère, des périodes d’anxiété prononcées, des troubles de l'alimentation, du sommeil, etc.)
Vous vous sentez perdus et ne savez plus quoi faire face à son comportement difficile (ou pour toutes autres raisons)
Il semble perdre des capacités clés qu’il maîtrisait par le passé

myBaby.coach ©

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